Revaloriser nos propres compléments culinaires tel le « Soumbala ».

Enfants 2Le surpoids de nos enfants est de plus en plus inquiétant dans les villes alors que dans les campagnes ils sont encore mal nourris. La paysanne quant à elle, tient de moins en moins la distance avec sa sœur de la ville. Le dualisme ville/campagne s’exacerbe chaque jour un peu plus en Afrique.

Le marché des bouillons culinaires

De nouvelles réalités apparaissent, qui nous touchent dans nos habitudes alimentaires et dans nos finances et ont pour nom, entre autres, le bouillon culinaire. Ce sont ces petits cubes multicolores (souvent en poudre) et modernes qui font de l’ombrage à nos condiments traditionnels mal emballés et mal présentés. Ils se vendent aussi bien dans les villes et les campagnes et priveraient celles-ci d’une activité principale, sources de l’autonomie financière de la femme rurale. Et pour ne laisser personne indifférente, ils présenteraient un danger pour la santé publique.

A force de récurrence , FEDEV finit par s’intéresser au problème de la consommation inouïe du bouillon culinaire. Non pas pour heurter la sensibilité des entreprises qui se sont tressés des bonnets en or au détriment d’une économie nationale intégrée et sur le dos de la pauvre ménagère. Mais parce que, celle-ci se demande bien ce qui lui arrive depuis l’arrivée des cubes.  Le bien-être de la femme et l'avenir de l'enfant sont en question.

Fréquemment au cours des échanges avec les groupes cibles, un certain nombre de questions sont de plus en plus insistantes. Bien que la formulation « causes à effets » ne soit pas encore bien précise, ces échanges soulèvent encore et toujours la perte de revenu de la femme rurale avec son corollaire de l’exode des jeunes filles, et la difficulté de faire bouillir la marmite à temps réguliers et convenables. FEDEV agit par la réflexion sur les causes, l’information et la formation sur les effets, et des actions pour trouver des solutions. La production, le commerce et la consommation de certains de nos légumes et autres denrées, en améliorant les conditions de leur disponibilité, font partir de ces solutions. Il y avait une vie avant les cubes culinaires !

Les bouillons culinaires ou cube « Maggi » comme on les appelle plus généralement, sont entrés en force sur nos marchés et dans nos habitudes. En deux ou trois décennies, ils ont complètement chamboulé la pratique culinaire.

Il est de nos jours, l’ingrédient principal voire quasi unique partout : de la gargote des grandes villes aux ménages dans les villages les plus reculés, des petites dibiteries aux grands restaurants. Et plus le revenu est restreint, plus le recours aux petits cubes est grand.

 Le succès fulgurant des bouillons est sans doute la résultante d’un matraquage publicitaire et ses atouts marketing et fonctionnels indéniables. En effet, les cubes ont tous eu pour eux, afin de rendre nos ingrédients traditionnels, en premier lieu le soumbala, obsolètes et moins attirants :

  • Présentation dans des emballages modernes et attirant le regard
  • Odeurs moins encombrantes
  • Accès plus facile.

 S’ils passent aujourd’hui pour être l’ingrédient préféré des ménagères, ils ne suscite pas moins la désapprobation des consommateurs, notamment les hommes. En effet, ils seraient le vecteur de plusieurs problèmes de santé publique tels que l’obésité et l’hypertension…

Et pourtant, avant les cubes, nous avions d’autres ingrédients qui avaient le mérite d’être « Bio » et même posséder des vertus médicinales. C’est le cas du soumbala.

Le Soumbala et le Néré

Preparation du soumbalaLe Soumbala est un ingrédient ancestral très important dans la cuisine des pays d’Afrique subsaharienne comme le Mali. Il est extrait de la graine de néré.

Le Néré

Le néré de son nom scientifique « Parkia Biglobosa » pousse partout en Afrique de l’Ouest.  On l'appelle aussi arbre à farine, ou arbre à fauve.

Le néré a de nombreuses vertus. Outre la production du soumbala, on utilise ses produits (la fleur, la pulpe...) pour lutter contre la lèpre, la fièvre jaune, la constipation et l’ictère. Par exemple, contre une morsure de serpent, le rameau de la plante suffit pour arrêter la progression du venin. On peut aussi utiliser les écorces comme engrais, ou comme poison pour la pêche ou encore comme crépi pour enduire les murs des cases. 

Le soumbala

Si le soumbala a une particularité, c’est bien son odeur fortement caractéristique à laquelle on finit par s’habituer. Le produit en raison de ses nombreuses qualités dont le goût n’est pas le moindre, est un ingrédient incomparable qui peut vite devenir indispensable.

Le soumbala, produit chez nous, est à la portée de toutes les bourses. Des études ont mis à jour sa forte teneur nutritionnelle et son apport dans l’équilibre physiologique : 100 g de soumbala apporte à l’organisme 432 calories, 6,5 mg de protides, 28 ,8 g de lipides et 378 mg de fer. Il existe également la présence de la vitamine B2, vitamine PP et de vitamines C, ce qui permet de limiter les risques de scorbut.  

Produit Bio par excellence, le Soumbala est aussi un médicament :

  • Forte teneur en iode, contre l’apparition du goitre
  • Favorise l’activité cardiaque ainsi que le fonctionnement du cerveau
  • Permet de lutter contre l’hypertension artérielle, sa consommation régulière prévient cette maladie
  • Prévient et réduit certaines formes d'anémie
  • Renforce les défenses immunitaires, particulièrement en matière de prévention du cancer.
  • Soulage les piqûres et brûlures, chez certains peuples d'Afrique de l'Ouest, il est coutume d'appliquer un cataplasme de soumbala sur les parties concernées en cas de piqûre de scorpion ou d'abeille
  • Source considérable d’énergie, il est recommandé d’en consommer en cas de grande fatigue pendant quelques jours.

Une problématique environnementale et de développement

NereL’introduction des bouillons culinaires au détriment du soumbala est à la fois un problème de développement endogène et d’écosystème environnemental global.

Développement endogène

Le marché des bouillons mobilise des centaines de millions par jour rien qu’en Afrique. Cet important flux financier représente beaucoup de choses pour l’économie des états concernés :

  • Cette ressource va en totalité, ou en partie (grâce aux petites unités de production locales) vers l’extérieur et aggrave le déficit budgétaire et la dépendance économique.
  • C’est le panier de la ménagère, qu’elle soit de la ville ou de la campagne qui saigne.
  • Les ingrédients locaux qui perdent du terrain constituent un des pans entiers de l’économie : la cueillette, le jardinage, le petit commerce.

Refaire la couverture végétale et booster la production de produits parallèles

Sans pour autant parler de disparition, on constate néanmoins que le néré est de moins en moins visible dans notre paysage surtout urbain. Pourquoi, n’avons-nous pas le néré aux potentiels nutritif, médicinale et environnemental, incommensurables à la place du Nîmes qui est à la limite nuisible ?

  • La graine donne le soumbala
  • Le fruit est une alternative bio aux douceurs offerts aux enfants (bonbons et biscuit) qui soigne des maladies boucau-dentaires
  • Les feuilles sont utilisées comme médicament, et des mammifères sauvages soigneraient leurs plaies par frottement contre le tronc de néré (un traitement antibiotique)
  • La fleur du néré est la meilleure source du miel des savanes qui est tant prisé pour sa qualité et son odeur.

Et pourtant aucun programme de reboisement visant le néré, à l’instar du moringa, n’a vu le jour jusqu’à présent. Quant au développement du Soumbala, il y a plus qu’urgent en la matière !

Le dualisme en Afrique n’est pas une fatalité et la meilleure réponse qu’on puisse y apporter, sera de donner la priorité à la production locale pour un meilleur partage de la richesse nationale par la consommation locale. Le Soumbala et son biotope en est un bon exemple.

Les cubes seraient montrés pour être la cause de l’obésité, le diabète et l'hypertension artérielle chez les personnes âgées. La généralisation de ces maladies est vue comme le résultat de l’abandon de stabilisants naturels de notre santé, au profit d’une alimentation contenant des déclencheurs de maladies : le bouillon culinaire entre autres.

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