La Femme rurale et les Objectifs de Développement Durable (ODD)

OddLes objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) furent un plan approuvé par tous les pays du monde et par toutes les grandes institutions mondiales de développement. Ils ont galvanisé des efforts sans précédent pour répondre aux besoins des plus pauvres dans le monde et sont arrivés à expiration à la fin 2015. Pour leur succéder, l'ONU a travaillé avec les gouvernements, la société civile et les différents partenaires pour exploiter la dynamique dégagée par les OMD et élaborer un programme ambitieux pour l'après-2015. Ce programme doit transformer notre monde par un développement durable à l’horizon 2030 :  éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous dans le cadre d’un nouvel agenda de développement durable. Chaque objectif a des cibles spécifiques à atteindre dans les 15 prochaines années.

 

Pour que les objectifs du développement durable (ODD) soient atteints, chacun (les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les personnes) doit faire sa part d’effort :

  1. Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde
  2. Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable
  3. Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge
  4. Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie
  5. Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles
  6. Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau
  7. Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes à un coût abordable
  8. Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous
  9. Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation
  10. Réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre
  11. Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables
  12. Établir des modes de consommation et de production durables
  13. Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions*
  14. Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable
  15. Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des terres et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité
  16. Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous
  17. Renforcer les moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial pour le développement durable et le revitaliser

Les 17 objectifs traduisent la nécessité de passer à une dimension globale couvrant l’ensemble des enjeux de développement, au Nord comme au Sud. Ainsi, adossés aux objectifs généraux de réduction de la pauvreté, figurent des objectifs en matière de préservation de l’environnement ou d’égalité entre les sexes par exemple.

En effet, un développement global de l’humanité qui ne fait pas de la sauvegarde de l’environnement une priorité d’égale importance avec les besoins sociaux et économiques de la planète entière peut-il prospérer ?

Cette question renvoie dans une certaine mesure à la pression environnementale de toute croissance, surtout celle du développement industriel. La croissance démographique aussi bien que le développement industriel ont des conséquences sur l’environnement. C’est la manière et le poids de cette pression environnementale qui ne sont pas les mêmes dans tous les cas de figure. Il en résulte un déséquilibre entre les pays. La réalité est que les pays dits développés ont un environnement moins propre que celui des pays sous-développés malgré les clichés étayés çà et là, et toute politique en faveur de l’environnement, donc du développent durable et propre, doit partir de ce postulat. Ainsi les deux plus grands pollueurs au monde sont la Chine et les USA...

Le mécanisme du développement propre (MDP) et le crédit carbone.

Le système MDP à prime abord complexe peut être compris de la manière simple suivante :  les pays industrialisés payent, entre autres, pour des projets dans des nations moins riches, projets qui permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ces projets sont récompensés en crédits pouvant être utilisés pour atteindre leurs propres objectifs d’émissions. Les pays receveurs bénéficient gratuitement de technologies avancées qui permettent à leurs usines ou leurs installations générant de l’électricité d’opérer de manière plus efficace. Tout ceci à bas coût et générant des profits élevés. L’atmosphère y est d'autant plus épargnée car les futures émissions sont plus faibles que prévues.

Le MDP intéresse aussi bien les pays riches que les pays pauvres et des mesures ont été prises pour le rendre opérationnel avant même l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto qui en a posé les bases. Il est particulièrement rentable et offre un degré de flexibilité aux pays développés essayant d’atteindre leurs objectifs. Il peut être plus efficace et facile pour eux d’effectuer un travail utile sur le plan environnemental dans les pays en voie de développement que chez eux localement où la terre, la technologie et le travail sont généralement plus chers. Les bénéfices pour le climat restent globalement les mêmes.

Le MDP est supervisé par un Conseil Exécutif qui approuve une série de méthodologies pour mettre en place des projets de grande et petite ampleur. Pour être certifié, un projet doit être approuvé par toutes les parties impliquées, démontrer une aptitude mesurable à long terme de réduction des émissions et promettre que ces réductions soient additionnées à celles déjà produites.

Le crédit carbone ou encore le Marché carbone est l’outil financier du Mécanisme du Développement Propre (MDP).

Qu’est-ce-que le marché carbone ?

Le marché carbone regroupe l’ensemble des mécanismes d’échanges et de transactions des crédits de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Pour les entreprises respectant déjà leur quota d’émission de gaz à effet de serre (quota dépendant des pays), le marché carbone peut les pousser à faire davantage d’efforts pour réduire leurs émissions (ou les émissions d’une autre entreprise) car ils pourront dès lors obtenir en échange des crédits-carbone. Les crédits-carbone ne sont ni plus ni moins que des crédits obtenus à chaque tonne de CO2 qui n’est pas émise dans l’atmosphère grâce aux mesures que l’on a pu prendre. Pour les entreprises qui n’arrivent pas à respecter leur quota, elles ont, grâce au marché carbone, la possibilité d’acheter des droits à polluer : elles peuvent ainsi augmenter leur quota d’émission.

C’est un système de débit-crédit qui génère des fonds pouvant être investis et notamment dans les pays moins polluants.

« Cependant, le crédit carbone est moins un droit universel à la pollution et plus une récompense à la non-pollution ». C’est ainsi qu’en aval, il met l’accent sur les projets qui favorisent la sauvegarde de l’environnement, surtout en ce qui concerne les projets initiés dans les pays en développement.

La femme rurale et l’environnement

Une certaine idée assez simpliste, voir un mauvais cliché voudrait que la croissance démographique, le développement de la pauvreté et la dégradation de l’environnement aient une relation de causes à effets inéluctable. L'idée mise en avant est que toute intensification agricole conduit inéluctablement à la dégradation de l'environnement.

Concernant l'Afrique, cette idée ne résiste pas à une analyse aussi peu poussée soit-elle :

  1. Premièrement, peut-on imaginer que l’élevage puisse nuire à la faune naturelle ? Bien au contraire quand on sait que partout sur la planète, l’élevage a pris la relève de la « chasse utile ». La même logique veut que l'agriculture conduise à réduire la pression sur les ressources naturelles environnementales. C’est encore le cas en Afrique.
  2. Deuxièmement, quelle agriculture nuit à l'environnement et dans quelles régions du monde ? La déforestation, même quand elle survient ici en Afrique, n’est pas du fait de l’agriculture locale, celle pratiquée par les autochtones.
  3. Enfin, l'Afrique a une croissance démographique certes rapide, mais l’Afrique est le continent le plus riche au monde en réserves hydriques, en ressources minières et en terres cultivables. Malgré ces richesses, seuls sept pays africains comptent une population de plus de 40 millions d’habitants, seuil nécessaire pour mettre les ressources en valeur et amorcer un développement économique.

Selon le FIDA, 43% de la main d’œuvre agricole des pays en voie de développement sont des femmes. Si ces femmes disposaient des mêmes ressources productives que les hommes, elles pourraient accroître les rendements de leurs exploitations agricoles de 20 à 30 %, ce qui relèverait la production agricole de ces pays de 2,5 à 4%, et réduirait de 17% le nombre de personnes souffrant de la faim.

La femme ici, a un potentiel énorme, et il faudrait la mettre au cœur du processus de développement, en lui donnant l’accès aux ressources de bases. Elle constitue «la clé de voûte pour valoriser l’agriculture et les ressources locales. L’environnement y gagne par son mode de vie qui pèse peu sur le biotope.

Les activités des femmes villageoises requièrent peu ou pas de machines, et peuvent se développer sur la base des énergies renouvelables. Des projets de développement sont déjà réfléchis dans ce sens. Le mécanisme de développement propre peut accompagner ces projets.

Parmi les 17 objectifs de Développement Durable, une bonne douzaine d’entre elles semblent cibler les efforts soutenus en faveur de la femme rurale. C’est à elle de le voir, surtout le comprendre et y travailler avec les autres acteurs.

La réalité du MDP au Mali

Au Mali, il existe une Autorité Nationale Désignée pour le MDP comme dans les pays en développement.

Cependant, les acteurs du développement : Entreprises, ONG, particuliers qui sont impliqués dans le mécanisme ne sont pas très visibles.

De rares postulants se sont empêtrés dans la complexité des procédures particulières du MDP qu’ils ne maîtrisent pas.  Généralement, il en résulte une perte de temps et de ressources préjudiciable. D’où l’absence totale d’une visibilité de la finance carbone dans notre écosystème de développement.

Pourtant, le MDP et le crédit carbone, nous le répétons, sont une chance pour les pays sous-développés et peuvent l’être davantage pour la femme rurale. Les associations de femmes doivent être mieux informées et porteuses de projets et Programmes d’activités (PoA) leurs ouvrant l’accès au crédit.

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