Le développement durable-endogène: lumière sur le modèle de paupérisation des zones rurales.

Bamako 1La ville, ou le « miroir aux alouettes ».

L’exode rural, est connu pour être le déplacement massif de groupe de personnes. Ce déplacement, peut se faire à l’intérieur de frontières nationales, ou entre des Etats. Suivant le contexte dans lequel il survient, l’exode peut être saisonnier, conjoncturel, ou structurel avec des départs durables, voire « définitifs ».

Plutôt mourir dans des bidonvilles, que retourner dans le patelin.

Children playing in buguni mali 010605

A la fin de la période coloniale, seulement 8% des enfants étaient scolarisés au Mali (ancien soudan français). Dans les Années 1960, ce taux est vite amené à 30% pour les garçons et 20% pour les filles. Aujourd’hui, le taux brut de scolarisation tourne autour de 70%. La scolarisation va avoir une incidence importante sur la répartition démographique, avec l’exsanguination des zones à vocation rurale vers une concentration dans les zones à vocation administrative.

Bamako seul, concentre 23% de la population malienne. Près de 32% de cette population se trouve confinée entre les dix plus grandes villes (Bamako, Sikasso, Koutiala, Mopti, Kayes, Segou, Niono, Gao et San). Les aires rurales compteraient moins de 30%, pour 99% des terres.

Déjà les premiers cadres formés par l’administration coloniale, feront de l’école, le prétexte à une vie citadine. Malgré les richesses dont peut se prévaloir le terroir d’origine et les avantages familiaux personnels dont ils pouvaient disposer en revenant au bercail, les grandes villes en devenir accueillerons la quasi-totalité de ceux qui auront reçu une formation scolaire, pendant ou après leur parcours professionnel.

8%, 30% et même 70% des enfants scolarisés peuvent-ils changer la structure démographique globale ? Oui, au regard de la structure par âge de la population où  47,3 % ont entre 0 et 14 ans, 49,7 % entre 15-64 ans et seulement 3,0 % ont plus de 65 ans. Cela représente un taux de 97% de la population comprise entre 0 et 64 ans. Certes le taux de réussite à l’école est relativement faible et tous ceux qui y vont, ne deviennent pas des fonctionnaires de l’état. Mais d’autres facteurs économique et social font des grandes villes, des « miroirs aux alouettes ». Elles reçoivent ainsi les jeunes diplômés qui aspirent aux hautes sphères administratifs, les recalés de l’école qui s’identifient à une « vie moderne » et les non scolarisés qui pensent que seule la grande ville peut offrir de l’argent qui n’existe pas dans son petit village. « On récolte les impôts dans les campagnes, on les dépenses seulement dans les villes ».

La politique de déploiement de l’administration publique et de développement du système éducatif est la cause principale de l’hyper attractivité des villes et par ricochet, la naissance des bidonvilles.

Beaucoup de rêves viennent se briser ou se réaliser dans les grandes villes pour les raisons suivantes :

  • Le pouvoir d’achat soutenu par la consommation des fonctionnaires et les activités commerciales de l’administration, qui constitue une opportunité d’affaire énorme,
  • La concentration des centres de décision et de service public,
  • Le style de vie urbain plus animé, sans commune mesure avec la vie en milieu rural.

Malheureusement, ceux qui ne réussissent pas à trouver un emploi de fonctionnaire ou autre, et tout simplement ceux qui ne parviennent pas à saisir les opportunités d’affaire, retournent rarement à la maison. C’est ainsi que l’on assiste à l’explosion des grandes villes et la naissance des bidonvilles.

 

Le développement endogène

Le Mali possédait au début des années 1960, 11 millions d’hectares de surface cultivable sur lesquels, seulement deux millions étaient utilisés. Mais le Mali, c’est 100 fois autant de terres pouvant recevoir de multiples autres activités.

  • Il est par exemple inconcevable de voir le paysan et l’éleveur se mettre en conflit pour un espace pendant que le pays a des terres pour accueillir cent fois plus d’activités.
  • Il est encore plus inconcevable de voir la matière première transportée et transformée dans les périphéries urbaines ou exportée alors que le produit fini ou semi fini est moins lourds à transporter.
  • Quant aux activités artistiques sur site, elles ont indubitablement plus de valeur et peuvent être un support au tourisme et aux échanges.

Tout cela demande que les initiatives passent en premier par les fils du terroir et surtout les déposants  légitimes des terres. Malheureusement, ceux d’entre eux qui ont acquis une expertise minimum, soit par une formation reçue, soit parce qu’ils ont vécu  des expériences sous d’autres cieux,  restent généralement dans les grandes villes même après la retraite. Quant aux projets proposés par les ONG, ils arrivent difficilement à faire la preuve de leur durabilité.

 

Le cercle vicieux de la pauvreté.

Ne pas parvenir à assurer les besoins les plus élémentaires, réduit la capacité des individus à analyser rationnellement leur situation, prendre la mesure réelle de l’environnement et agir en conséquence. Ils peuvent alors, dIfficilement se projeter dans un avenir plus ou moins lointain pour changer leur situation. On parle alors de cercle vicieux de la pauvreté.

La pauvreté se traduit par un faible revenu, ce qui ne permet pas d'épargner ou permet d'épargner peu. L'accumulation du capital qui en résulte est donc faible. Elle ne permet pas d'accroître la productivité et donc les revenus. Si l’apport de capitaux étrangers (aide au développement) est préconisé pour rompre le cercle vicieux de la pauvreté, le recours à cette solution exogène a très souvent, vite fait de montrer ses limites.

Au Mali, comme partout en Afrique, les villages sont exsangues et mourants et les villes livrées à la surpopulation, le chômage, le banditisme et les maladies. Seul un rééquilibrage démographique permettra d’éliminer les pressions inutiles et de  mieux cerner les atouts et les opportunités de création, de croissance et de développement harmonieux.

Les ONG, les Associations de Soutien aux villages d’origine, et d’autres bonnes volontés apportent certes beaucoup aux villages et aux hameaux. Mais l’amélioration durable du cadre de vie en milieu rural, ne se fera qu’avec le retour d’une population autochtone nombreuse et de qualité. Une population déjà intégrée qui produit et repartit sur place, et qui a une ambition sur le long terme. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Femmes et Développement Exode rural